Le blog - Les aidants non rémunérés : une main-d’œuvre silencieuse

Billet ajouté le 27 février 2024 à 09h58

Nous partageons ce mois-ci avec nos lecteurs et la communauté d’aidants qui nous suit une réflexion intéressante de deux études, elles-mêmes relayées par The Lancet Public Health - revue de santé publique de référence mondiale à double vocation : destination de publication et plateforme pour faire progresser l’impact mondial de la recherche.

 

Le contexte

 

Des millions de personnes dans le monde s'occupent régulièrement de membres de leur famille qui ont besoin d'aide de manière informelle et non rémunérée.

Elles représentent environ 20 % de la population au Royaume-Uni et au Canada, et 5 % au Japon et en Finlande, selon le rapport Global State of Caring de 2021 de l'Alliance internationale des organisations d'aide aux personnes dépendantes (International Alliance of Carer Organisation).

 

The Lancet Public Health, présentait en ce début d’année 2024, le résultat de deux études portant sur l'impact sur la santé des aidants, des soins et soutiens informels, dispensés à leurs proches fragilisés.

 

- La première étude portait sur de jeunes aidants australiens âgés de 15 à 25 ans et s'étendait sur une période de 20 ans. Elle révélait que la santé mentale des aidants était moins bonne que celle des non-aidants, en particulier lorsque l'aide fournie était intense.

 

- La seconde étudiait des ménages du Royaume-Uni, de 2009 à 2020, et adressait une population de 16 ans à 65 ans. Elle constatait une augmentation de la détresse psychologique lors de la transition vers le rôle d'aidant et relevait que les personnes plus jeunes sont particulièrement exposées à des résultats négatifs sur le plan de la santé.

 

Deux grandes causes.

 

1 - Pour les jeunes adultes, la prise en charge s'accompagne d'autres événements et obligations majeurs de la vie, tels que l'éducation, le premier emploi ou le rôle de parent, ce qui pourrait exacerber les effets de la prise en charge.

 

2 - D'autres contextes d’expériences antérieures au COVID-19 auraient pu détériorer davantage la santé pendant la pandémie en réduisant les contacts sociaux en dehors du ménage ou en augmentant les besoins de soins en raison de changements dans la prestation de services.

 

Hétérogénéité des profils d’aidants-Cas spécifique des femmes 

 

1 - Les aidants non rémunérés ne représentent pas une population homogène et les solutions doivent tenir compte de leurs antécédents et de leur situation personnelle. Donc s’adapter à chacun avec des solutions sur mesure.

 

2 - La charge disproportionnée des soins et soutiens non rémunérés effectués par les femmes et la charge potentiellement accrue pour les femmes soignantes.

 

Pour les femmes aidantes, le soutien non rémunéré est négativement associé à la santé mentale. C’est un facteur important qui contribue aux écarts entre les hommes et les femmes en matière de résultats professionnels, liés à des salaires inférieurs, et à la qualité de l'emploi, comme l'a souligné le Centre de développement de l'OCDE.

 

Les soins n'affectent pas seulement la santé, mais aussi les déterminants socio-économiques de la santé. La Commission Lancet sur les femmes et la santé a souligné avec force que la contribution des femmes aux soins de santé reste sous-estimée et qu'il existe très peu de politiques sensibles au genre pour leur permettre d'intégrer leur rôle social et professionnel et d'exprimer tout leur potentiel.

 

La question de la reconnaissance de la valeur sociale et économique de la contribution des aidants non rémunérés en tant que coproducteurs des services de santé devient cruciale et pourrait faciliter la conciliation de l'emploi, des modalités de travail plus souples et une rémunération adéquate pour leurs efforts.

 

La commission Lancet porte notre attention sur une action toute particulière que devraient mener les gouvernements sur la surveillance de leur état de santé, compte tenu du risque accru de dégradation.

 

L’étude conclut « le besoin d'aidants devrait s'accroître en raison de l'augmentation de la longévité. Il n'est pas viable pour le secteur des soins de santé de s'appuyer de plus en plus sur des aidants non rémunérés alors qu'ils risquent eux-mêmes de voir leur état de santé se dégrader. Il est plus que temps de reconnaître et de récompenser la contribution des aidants non rémunérés à la société en mettant en œuvre des politiques qui prévoient des récompenses financières et évitent les désavantages en matière de travail et d'éducation pour les aidants afin de lutter contre les inégalités évitables en matière de santé. »

 

La première question de la reconnaissance de ce statut d’aidant reste entière, mais l’idée fait chemin dans un contexte de raréfaction de ressources (aides à domicile, soins infirmiers, aides sociales).

 

Le défi démographique est commun à toutes les sociétés occidentales, les entreprises en prennent conscience tant elles se penchent sur le sujet.

 

Égalité femmes – hommes, inclusion et politiques RSE viennent soutenir ce point et légitiment les mesures mises en place.

 

Heureusement la solution n’est pas qu’entre les mains des gouvernements.

 

Les entreprises ont aussi leur rôle à jouer et c’est toute la société qui en ressortira grandie.

 

En savoir + https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(23)00311-0/fulltext

The Lancet Public Health s'est engagé à s'attaquer aux problèmes les plus urgents dans tous les aspects de la santé publique. En particulier, et conformément aux valeurs et à la vision de The Lancet, ils s’engagent fermement à utiliser la science pour améliorer l'équité en matière de santé et la justice sociale.

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